INTERVIEW EXCLUSIVE

Interview janvier 2016

 

 

A l'occasion du nouveau site internet mis en ligne par Jaguarundi Films, j'ai demandé à Julien Richard-Thomson de nous faire un point sur ses nombreux projets annoncés.

 

 

 visuel : Jaguarundi Films   photo : Charlélie Marangé

 

 

Félicitations pour le nouveau site, plus lisible que l'ancien...

 

Il est simple mais efficace, il sera régulièrement mis à jour. Merci pour le compliment mais il faut surtout féliciter Nicolas le webmaster !

 

 

On y trouve de nombreux projets, certains sont totalement nouveaux...

 

Le site répertorie les projets que nous développons, courts ou longs métrages, pour le cinéma, la télévision ou le web. On y retrouve les projets de séries B comme Les Vampires de Pigalle, Paris Maléfique ou Avant-Première. J'ai déjà communiqué sur les deux premiers mais jamais sur le troisième, il s'agit d'un film d'horreur très astucieux qui se déroule dans une salle de cinéma. Par certains aspects il évoque Angoisse de Bigas Lunas, mais avec un concept et une fin assez différents. C'est une série B que je qualifierais d'intelligente et référentielle, un peu à la manière de Scream. Je démarche actuellement des investisseurs, ce n'est pas un très gros budget mais il faut quand même un peu de moyens pour obtenir un bon film... Comme tu sais, l'argent est toujours le nerf de la guerre.

 

 

Le bruit court que tu planches sur l'adaptation d'une bande dessinée "humour", qu'en est-il ?

 

Ce projet ne figure pas encore sur le site, il est classsé top secret (rires). En fait les auteurs de la BD sont enthousiastes, ainsi que les éditions Dupuis, mais rien n'est signé donc je ne peux pas communiquer. C'est mon projet le plus important au rayon des longs-métrages cinéma, j'espère pouvoir le concrétiser car il a un très fort potentiel.

 

 

Il y a aussi beaucoup de web-séries annoncées sur le site de Jaguarundi Films...

 

En effet, je développe pas mal de projets pour internet. Comme tu le sais, les financiers sont très frileux pour investir dans un film de cinéma dès lors qu'on s'éloigne un tout petit peu des sentiers battus. L'investissement est un peu moindre pour une série digitale, mais ça reste tout de même compliqué. Je mise essentiellement sur trois projets originaux. Le Dircab est une sorte de comédie grinçante, assez réaliste tout de même, sur les dérives d'une municipalité. On y trouve un maire corrompu, son épouse névrosée, un entourage cynique, le "héros" étant le jeune directeur de cabinet, le "dir-cab". Le slogan "Liberté, fraternité, bande organisée" en dit long... Je me suis bien sûr inspiré de certaines personnalités politiques que j'ai pu rencontrer. La Septième République est aussi axée sur la politique mais c'est une comédie plus franche et un petit peu plus loufoque, qui se déroule dans un futur proche. La France est aux mains d'un dictateur paternaliste nommé Oncle Jean, je m'inspire un peu du Maréchal Pétain et de sa "révolution nationale". Mon héros est un idéaliste naïf et maladroit qui décide de créer un parti politique prônant la justice et l'humanisme, mais il va accumuler les gaffes et mettre sa vie et celle de ses amis en danger. Je lorgne un peu vers l'esprit des frères Coen... Enfin il y a Psycho Girls, qui est un très vieux projet de film transformé en série, qui présente une galerie de tueuses vengeresses. Chaque épisode met en scène un personnage et un meurtre, tout cela au scond degré.

 

 

On a l'impression que l'esprit Tarantino souffle à nouveau sur tes projets, on se trompe ?

 

Pour Psycho Girls c'est assez vrai, il y a un côté grindhouse. Chacun de mes projets possède son ton qui lui est propre, parfois humoristique parfois plus sombre ou réaliste. Je n'en ai pas parlé, mais j'ai aussi déposé un projet de documentaire TV basé sur les tout petits candidats à l'élction présidentielle. A chaque élection il y a des indépendants qui espèrent se présenter et entrent en campagne, certains font le buzz et bénéficient de leur "quart d'heure de célébrité" wharolien... Un sujet bien plus profond qu'il n'y parait, qui aborde encore une fois le thème de notre démocratie et des institutions.

 

 

Tu ne parles pas de ton projet le plus fou, Vidéoclub Apocalypse !...

 

Ah ! Ca c'est un peu un gag, du moins c'est un projet que j'ai imaginé pour fêter le vingtième anniversaire de mon bon vieux Time Demon. Il s'agit d'un remontage de mes films de jeunesse comme Roboflash Warrior (sur un robot tueur) ou Vampyrmania (sur une invasion de vampires) diffusés en cassettes VHS à l'époque mais qui ne sont jamais sortis en dvd ni en vod, avec une post-synchro délirante sur le modèle de La classe américaine, le grand détournement. A propos, je ne t'ai pas dit que Vampyrmania était devenu culte outre-atlantique ! (rires) Un festival l'a même projeté au Texas, je l'ai découvert récemment ! Pour Vidéoclub Apocalypse un dossier est en ligne sur Kiss Kiss Bank Bank, si on arrive à réunir assez d'argent on le fera, sinon tant pis.

 

 

Au fait, tu as abandonné Korruption, ton film qui a fait scandale ?

 

La polémique débile montée par certains de mes détracteurs et quelques médias complices, a découragé les financiers et aussi une partie de mon équipe, l'affaire est devant les tribunaux puisque j'ai porté plainte pour diffamation (ndlr : un politicien de la Manif pour Tous et l'hebdomadaire Le Point ont accusé, à tort, le film d'être pornographique). J'ai perdu beaucoup d'énergie dans cette affaire et honnêtement je ne pense pas que le film sera terminé un jour, c'est dommage bien sûr.

 

 

Avec cet éventail de nouveaux projets, il serait étonnant qu'aucun ne se monte, ou alors c'est vraiment à désespérer !

 

Tu sais, les projets peuvent être bons, mais si tu ne fais pas partie d'un certain microcosme le cinéma français t'ignore complètement. C'est pour ça que je mise aussi sur internet. En tous cas je vais tourner cette année, au moins un ou deux pilotes pour mes séries digitales. Et j'espère bien sûr réunir les fonds pour entreprendre un long-métrage, je vais continuer à me battre !

 

Retrouvez ces projets sur www.jaguarundi.fr

Interview octobre 2014

 

"J'ai été stupéfait par la polémique sur Korruption !"

 

 

-Tu avais annoncé le tournage d'une comédie noire, aux confins du film de genre, "Korruption"... Où en es-tu?

-En fait, j'avais tourné un simple teaser afin de trouver le financement du long-métrage, j'ai notamment projeté le teaser de 4mn au Marché du Film de Cannes. Mais fin juin, un scandale a éclaté puisque le magazine Le Point a accusé le film d'être "pornographique"!

 

-Incroyable! J'ai vu le teaser, il n'y a rien de porno!

-Oui, cette histoire est folle! Il faut préciser que la polémique a été lancée au départ par un homme politique d'extrême-droite assez sulfureux, qui a cru se reconnaître dans mes personnages de politiciens corrompus. Pourtant il n'y avait aucune allusion à sa personne, mon histoire étant une pure fiction! Il a déclenché une campagne de dénigrement dans les médias, qui au départ n'ont rien vérifié et ont qualifié le film d'obscène ou de "vidéo X"...Nous avions tourné une partie des images dans un Hôtel de Ville, donc la rumeur du "porno tourné dans une mairie" a couru dans les médias nationaux et même étrangers! Courant juillet, d'autres médias ont démenti cette folle rumeur, comme Paris Match, Marianne, Metro, So Films et bien d'autres. La plupart des journaux en ligne ont publié des rectificatifs et j'ai attaqué Le Point en diffamation.

 

 

"J'ai attaqué Le Point pour diffamation!"

 

 

-Où en est le projet aujourd'hui?

-Hélas j'ai perdu un investisseur, l'image du projet en a pris un grand coup. Une partie de mon équipe a été traumatisée par ce scandale. Un vrai coup dur qui a paralysé le projet, mais j'espère bien retrouver de nouveaux financements pour terminer le film!

 

-Espérons-le car les premières images donnent envie...

-Merci, en effet on a reçu pas mal de compliments. Nous avons tourné ces images sans aucun moyen, je remercie encore tous ceux qui se sont investis dans le projet. Le point fort du film, ce sont les personnages hauts en couleur. Le scénario accumule les confrontations, les rebondissements, les péripéties insolites ou cruelles... Le soucis c'est que ce film ne rentre pas vraiment dans une catégorie, il est à cheval entre la comédie noire, le film de genre, le fantastique...donc les investisseurs sont frileux, Canal Plus a refusé le projet qu'il trouvait inclassable. Pourtant elle produit les films de Quentin Dupieux, "Korruption" a de grands points communs avec ses oeuvres comme "Wrong Cops" par exemple...

 

-Bravo aussi pour la musique, très dynamique et suggestive, un peu rétro aussi...

-Oui, j'ai voulu composer la bande originale moi-même aux synthétiseurs. On en entend des morceaux dans le teaser, j'ai trouvé quelques thèmes qui me plaisent dont un qui évoque le western...

 

-D'autres projets?

-Je m'accroche à "Korruption" mais j'écris aussi un autre film, davantage un film d'horreur, dont le pitch a emballé Canal Plus. C'est un concept très original que je tiens secret pour le moment. Et puis j'ai présenté pas mal de dossiers à différents organismes, notamment des courts-métrages, j'attends leurs réponses. J'ai hâte de me remettre à tourner!

 

Pour ceux qui veulent en savoir plus, voici le site de préentation du film "Korruption" avec le synopsis et le casting: http://rjt429.wix.com/korruption-le-film

Interview février 2013

Alors que ressort son JURASSIC TRASH en dvd ainsi d'EJECT de J.M.Vincent (dont il a signé le scénario) nous avons repris rendez-vous avec Julien Richard-Thomson alias R.J.Thomson pour faire un point sur son actu...

 

Ton actualité, c’est la sortie de deux titres en dvd que tu édites toi-même. Tu es devenu éditeur en plus de scénariste, compositeur, réalisateur et producteur ?

Et tu en oublies ! (rires) Non je ne compte pas devenir éditeur à part entière, mais j’ai voulu sortir ces titres avec ma société Jaguarundi Films essentiellement pour satisfaire les fans. Je ne m’attends pas à en vendre des quantités phénoménales, surtout avec la crise du marché dvd, mais il faut bien diffuser les films sinon on les a tournés pour rien. Comme je voulais sortir EJECT j’ai choisi de rééditer mon ancien film JURASSIC TRASH dans une collection « 100% Parodies ».

 

Il s’agit en effet de deux pastiches, l’un de REC l’autre de JURASSIC PARK…

Oui enfin JURASSIC TRASH entretient un lointain rapport avec le film de Spielberg (rires) c’est avant tout une comédie déjantée avec des personnages haut en couleur et des dialogues savoureux, qui avait d’ailleurs connu un succès d’estime lors de sa sortie en VHS en 1998. Il avait coûté moins de 5000 euros on est loin de Spielberg…

 

Oui, on est plus proche des frères Farelly voire Russ Meyer dans certaines séquences…

Je vois, tu fais allusion à la généreuse poitrine d’Elodie Chérie ! Il est vrai que c’est une pure comédie avec d’ailleurs un certain mauvais goût revendiqué, une pointe de vulgarité tout à fait assumée puisqu’il s’agissait aussi de rendre hommage au cinéma bis, à la série z.... J’adore la comédie, même si ces dernières années je me suis intéressé à des sujets plus sombres et plus sérieux.

 

 

"Les gens ne savent pas trop où me situer..."

 

Justement, tu es surtout connu pour des comédies trash et sexy, alors que tes projets semblent plutôt des drames ?

Oui enfin cela dépend des projets. J’ai longtemps voulu faire de la comédie et on m’a mis à la porte des boites de prod car je leur semblais trop inconoclaste. Et puis comme j’avais mélangé la comédie, le fantastique, le gore, le sexy, les gens ne savaient pas trop où me situer. Dans les années 2000 au contraire j’ai tenté de développer des scénarios plus personnels, des films parfois assez durs mélangeant le fantastique à certains sujets de société : l’exploitation du corps, la crise économique et l’ultra-libéralisme, la maladie...

Seulement cette fois on m’a trouvé trop « intello », je ne cadrais pas avec la vague de films de zombies… J’étais encore en décalage !

 

EJECT surfe sur la vague zombie, justement…

Oui en voyant Rec, je me suis dit qu’il était possible d’en tirer une parodie rigolote à peu de frais. J’ai donc rapidement écrit un scénario, mais j’ai mis du temps à dénicher un réalisateur car je ne voulais pas le faire moi-même, je voulais m’éloigner de cette étiquette « série Z trash rigolarde ». J'ai confié mon scénario à Jean-Marc Vincent (Lady Blood) et lui ai laissé carte blanche pour la réalisation. Au final le film ne ressemble pas du tout visuellement à ce que j’aurais fait, mais il est marrant et je pense qu’il va devenir culte comme les films Troma ou bien les films de N.G.Mount…

 

On retrouve quand même l'esprit Thomson (normal tu l’as écrit !) et le point commun qu’il y a entre JURASSIC TRASH et EJECT ce sont les scouts !

Ah les scouts !! (rires)

 

Pour beaucoup de fans (comme moi) on te voyait un peu comme une sorte de Robert Rodriguez, un réalisateur énergique prêt à faire des films qui détonnent. Mais il ne s’est pas passé grand chose depuis Time Demon 2, pourquoi selon toi ?

Tu as raison, je suis le premier à me poser la question. Je crois qu’il y a plein de facteurs qui peuvent expliquer que je n’ai pas percé jusqu’à présent. D’abord mon attachement au film de genre, qui reste mal vu en France. Ensuite, avoir tourné des longs-métrages de manière indépendante a fortement déplu au système du cinéma français qui est très réglementé et codifié. Le cinéma français c’et un peu comme l’aristocratie, on ne rentre pas comme ça ! Et puis j’ai dû frapper à de mauvaises portes. Mais ce qui est sûr, c'est que dans le ciné, pour un réalisateur ce n'est pas ton propre talent qui importe, mais l'image que tu donnes et surtout l'épaisseur de ton carnet d'adresses. Si tu savais le nombre de fois où j'ai envoyé des scénarios à des producteurs, qui ne l'ont pas lu et ne m'ont même jamais répondu!

 

 

"Je ne me vois pas réaliser une comédie sur le ping-pong avec Franck Dubosc!"

 

Je te souhaite de devenir le prochain Tarantino, là ils  -viendront tous te lécher le c...

C'est sûr! Cela dit, je ne cherche pas du tout la célébrité, je voudrais juste concrétiser mes projets, raconter toutes ces histoires que j'ai en tête et qui pourraient séduire le public j'en suis sûr. Je sais bien qu'en France les financeurs misent sur le réalisme qu'il s'agisse de drame ou de comédie. Je ne me vois pas vraiment mettre en scène une histoire de divorce larmoyante ou bien une comédie débile sur le ping-pong avec Franck Dubosc et Florence Foresti...

 

Le fantastique n’est ce pas un genre trop limité pour se spécialiser comme tu sembles vouloir le faire depuis tes débuts?

Je pense que le film de genre et surtout le fantastique permet d’aborder tous les thèmes, évoquer tous les grands enjeux de la société. Ne croyez pas que le fantastique c’est juste des monstres, des histoires de loup garous sous la lune et des momies qui sortent de leurs tombeaux.

Je vais prendre un exemple, un sujet de film que je trouverais intéressant à traiter (je ne le ferai sans doutes jamais car ce serait un trop gros budget, sauf si je deviens un réalisateur « bankable ») ce serait une fiction sur la dernière épidémie de peste qui a décimé la ville de Marseille. Bien qu’il s agisse d’un fait historique j’y vois une dimension fantastique, cette menace terrifiante, la peste qui s’étend sur la ville telle une malédiction, voilà un sujet passionnant qui m’irait bien.

 

Tes projets actuels ?

Il y a peu de temps j’ai relu d’anciennes interviews et je me suis rendu compte qu’à chaque fois je citais des tas de projets qui ne se sont jamais fait, alors je préfère rester évasif. J’ai été très déçu de ne pas pouvoir produire HEKATOMBE l’an dernier, surtout que j’avais une suite KARNAGE qui me trotte en tête depuis un moment et que je ferai peut-être… Je regrette aussi de ne pas avoir réussi à monter PARIS MALEFIQUE, un film à sketches qui devait réunir différents réalisateurs de genre, j’ai fini par abandonner. Pour un créateur, chaque projet avorté c’est un peu comme un bébé qu’on perdrait, c’est très perturbant et ça m’est si souvent arrivé que je lutte chaque jour pour conserver ma passion intacte. Pour l’heure je termine l’écriture d’une comédie fantastique, puisqu’il semble bien que ce soit sur ce terrain qu ‘on m’attend, destiné au cinéma si ça se passe bien. Ca s’appelle LES VAMPIRES DE PIGALLE, un mix entre Showgirls et Fright Night… tout un programme !

 

(propos recueillis en février 2013)

Interview 2010

J'ai rencontré Richard en banlieue de Paris, dans ses locaux situés dans un studio de télé. Le moins que l'on puisse dire c'est que ça en jette, moi qui pensais retrouver le roi du cinéma indépendant dans un cabanon au fond d'une arrière-cour. Pour un peu on se croirait à Hollywood...

 

Mazette, tu sembles bien installé, ici!

Oui (rires) enfin, je ne possède pas le studio entier, je loue juste des locaux! C'est un cadre agréable, avec des plateaux, de grandes salles pour organiser des réunions, des castings... Dans les couloirs je peux croiser des célébrités, mais hélas je n'ai pas les moyens de les embaucher dans mes productions!

 

Beaucoup de gens pensaient que tu avais quitté le métier, voilà que tu réapparais...

Ces gens avaient en partie raison. Au début des années 2000 j'ai eu de gros soucis, je me suis fait arnaquer par un distributeur véreux, Time Demon 2 n'a pas pu sortir, j'y ai laissé pas mal d'argent d'ailleurs... Je me suis reconverti dans la presse en fondant une agence de presse, nous fournissions des reportages ou des photos pour des magazines people ou masculins. Parallèlement j'ai collaboré à des émissions sur le câble, comme journaliste ou réalisateur. Il y a deux ans, j'ai décidé de revenir à la production et la réalisation de fictions. 

 

Comment se fait-il que tu sois le seul réalisateur qui a signé 8 longs-métrages mais dont tous les films sont totalement introuvables ?

En effet, ça semble absurde. Il faut savoir que j'ai eu de gros démêlés juridiques avec mon ancien distributeur, la Justice a fini par me donner raison, ce qui fait que j'ai récupéré tous les droits de mes films. Mais il est difficile de trouver des éditeurs pour sortir de "petits films" surtout dans le genre fantastique. Chaque semaine je reçois des emails de gens voulant se procurer mes films en dvd, mais c'est impossible pour le moment. Il y a un projet avec un éditeur, mais rien n'est encore confirmé.

 

Tu es aussi le seul réalisateur qu'on ne diffuse jamais à la télé...

Seule MCM a diffusé Time Demon, il y a plus de dix ans. En revanche, je suis souvent interviewé pour des documentaires sur le cinéma fantastique, je suis passé sur Canal Plus récemment, j'ai reçu une équipe américaine, et j'ai été filmé pour différents sites internet. Un documentaire sur mes films est en projet sur une chaîne cinéma. Mais il est très dur de vendre des films "décalés" à une télé française, surtout sans stars au casting.

 

Comment se fait-il que tu n'aies jamais travaillé pour Luc Besson, par exemple... il y a peu de cinéastes qui savent filmer l'action en France.

Il y en a un peu plus aujourd'hui, le film de genre est revenu à la mode en France, mais c'est vrai que j'aurais pu collaborer avec ce genre de producteurs, seulement... ils ne m'ont jamais contacté! Je ne sais même pas si Besson sait que j'existe! (rires)

On me pose souvent la question, certains s'imaginent que je refuse de travailler avec des gros producteurs ou des télés. Ce n'est pas le cas, je suis très ouvert à tous types de projets, mais ces gens fonctionnent en circuit fermé. Je ne fais pas partie du milieu du cinéma "officiel", c'est un univers qu'il est extrêmement difficile d'intégrer.

Il y a autre chose tout aussi incroyable; en vingt ans de métier, je n'ai jamais reçu un seul centime de subvention publique, via le CNC par exemple. Aucun de mes films n'a été aidé. A mes yeux, c'est très grave, cela démontre que le cinéma français fonctionne en vase clos. 

 

Il existe pourtant une mode des films d'horreur français, de nombreux inconnus réalisent leurs premiers films gore: A l'Intérieur, Frontières, La Horde, Amer et des dizaines d'autres...

Oui grâce à Canal Plus et son label "French Frayeur"... mais ne pensez pas que ce sont toujours des "inconnus", car même si vous ne connaissez pas leurs noms, un grand nombre de ces jeunes réalisateurs font partie du milieu: ils sont souvent les fils ou filles de réalisateurs ou producteurs. Par exemple Alexandre Aja, tout le monde a trouvé extra qu'un si jeune réalisateur ai parvenu à percer, mais les gens ignorent que c'est le fils d'Alexandre Arcady... C'est un exemple parmi tant d'autres. Pour les "fils de personne", il est extraordinairement compliqué de trouver des interlocuteurs. Malgré ma petite notoriété, je sais pertinemment que les scénarios que j'envoie aux maisons de productions finissent à la poubelle avant même d'avoir été lus.

 

Ca te révolte?

Oui et non, je me suis fait une raison. Les producteurs reçoivent des centaines de scénarios tous les mois, la plupart sont écrits avec les pieds par des amateurs et donc le réflexe des producteurs c'est de tout jeter à la corbeille, j'avoue que je ferais sans doutes pareil. D'ailleurs à Jaguarundi Productions nous recevons aussi des scénarios que nous n'avons pas le temps de lire, un grand nombre sont très mauvais il faut le reconnaître (rires).

Il ne faut pas généraliser, j'ai parfois reçu des réponses de maisons de productions, toujours négatives hélas. Le courrier commence toujours bien: "votre histoire est originale, le rythme soutenu, bien écrit etc... " et puis à la fin de la page, invariablement "mais nous ne pouvons donner suite car cela n'entre pas dans notre politique actuelle, etc etc...". Pour finir par me conseiller d'aller voir le voisin!

 

Il y a de quoi être démotivé!

Je fais mienne la maxime "ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort"... aujourd'hui, je suis carrément indestructible!! (rires) Sérieusement, je suis convaincu que je vais un jour rencontrer un partenaire qui me permettra de mener à bien mes plus beaux projets. L'important est de persévérer. Et puis, j'ai la chance de savoir faire des films avec très peu d'argent, ce qui fait que je tournerai toujours! C'est un peu mon côté Mocky. Il n'est pas né, celui qui m'empêchera de tourner des films!

 

 

Dans les années 90, tu revendiquais l'étiquette "série Z"... Cela n'aurait-il pas nui à ta réputation auprès des autres pros, justement?

C'est bien possible. A l'époque, j'avais trouvé ce moyen pour faire parler de mes productions fauchées. Je n'avais pas assez d'argent pour tourner des films ambitieux artistiquement alors j'ai réalisé plusieurs parodies assez déjantées, gore et sexy. J'ai pris des risques, j'ai été le premier à embaucher des stars du X. Du coup, la rumeur a circulé que je tournais des pornos!     

 

 

Tu as aussi été précurseur dans le fait de tourner des DTV, direct to video, cela ne se faisait pas à l'époque...

Oui, j'ai aussi été l'un des premiers à m'intéresser aux web télés, j'ai écrit et réalisé une web série pour l'une des premières tv sur internet. Personne ne comprenait ce que je faisais! (rires) Parfois, il vaut mieux ne pas être trop en avance sur son époque. Cela m'a peut-être effrayé les gens du cinéma, qui sont assez conformistes. Pourtant, je pense être un réalisateur et un auteur assez polyvalent. Je ne me sens pas du tout "effrayant" (rires).

 

On dit même que tu es plutôt sympa, par exemple on m'a dit que sur tes tournages, même dans les pires moments où tout va de travers, tu reste cool avec l'équipe... c'est au moins une différence avec Mocky que tu citais tout à l'heure!

Je ne suis pas un gueulard, enfin si, il m'arrive de gueuler mais pas contre quelqu'un en particulier, je gueule tout seul dans un coin du plateau, je hurle contre la météo, contre les avions qui font du bruit, contre le projo qui a pété, etc. Je ne supporte pas les réalisateurs tyranniques qui abusent de leur pouvoir ou leur charisme et terrorisent leurs techniciens. D'ailleurs si quelqu'un me parlait mal sur un plateau je lui ficherais mon poing dans la figure, je suis très susceptible. C'est une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais voulu être assistant (rires). C'est vrai que même quand il y a une galère, et il y en a souvent sur des toutes petites productions aux conditions précaires, j'essaie de rester amical avec l'équipe, pour ne pas dégrader encore l'ambiance. Je n'aime pas les conflits inutiles, on est là pour mettre en boîte un film, pas pour se battre en duel ou se prouver je ne sais quoi.

 

Revenons à ton actu et tes projets...

La sortie de Bloody Flowers, puis celle d'Eject à la rentrée 2010. J'ai écrit de nombreuses histoires que j'ai soumises à différents producteurs ou télévisions, on verra bien.... Plusieurs projets me tiennent à coeur. En cinéma, LE CHEF est un film d'horreur dans le milieu de la haute gastronomie et de la cuisine moléculaire, un film à la Cronenberg (un de mes réalisateurs préférés). SURPUISSANT est une histoire de super héros, une sorte de comédie musicale qui évoque aussi bien les frères Coen que John Carpenter. J'ai aussi des projets moins couteux que je compte produire en 2010 et 2011: un film sur des catcheurs tueurs, un film à skecthes à la Creepshow et deux autres comédies fantastiques... J'ai aussi écrit deux séries TV, Légendes et Un zombie à la maison.

 

Ouf! C'est tout??

Je suis plutôt productif en effet, mais hélas le plus dur est de trouver les financements. J'espère que sur dix beaux projets, un ou deux au moins se concrétiseront...

 

 (propos recueillis en février 2010)

SITES OFFICIELS de RJ THOMSON

 

 

www.rjthomson.com

 

 

 

 

www.jaguarundi.fr

 

 

 

SITES NON-OFFICIELS 

 

 

 

 

 

 

Site sur BLOODY FLOWERS : un site consacré au film inédit Bloody Flowers (site non officiel)